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CHARLES MAURRAS DEVANT LE MONDE NOUVEAU – Robert Brasillach – 7 novembre 1936

by R. B. / samedi, 15 août 2020 / Published in Articles et essais, Je suis partout, Lettre à une provinciale
Brasillach, Robert - Lettres à une provinciale - Je suis partout

Ce n’est pas au nom des fidèles exacts de Charles Maurras qu’il convient de parler aujourd’hui. Je veux dire que ce n’est pas au nom de ceux qui suivent ses doctrines, et le reconnaissent pour maître intégral de leur pensée. Il me plait mieux de songer à ce rayonnement, à ce halo qui entoure toute grande oeuvre et toute grande pensée, et où vivent, quelquefois sans le savoir, tant d’êtres. De même que les théologiens distinguent entre ceux qui font partie du corps de l’Eglise, et ceux qui font partie de son âme, il faudrait dire, je crois, aujourd’hui, que la foule est immense de tous ceux qui doivent quelque chose à Charles Maurras, et que, sans lui, notre univers ne serait pas ce qu’il est.

On éprouve un grand scandale, on l’avoue, à considérer le vaste renversement des idées qui crée sous nos yeux mêmes l’Europe de demain, et à penser au destin de l’homme qui est à l’origine de ce renversement. Interrogeons Salazar, Degrelle ou Franco, et ils nous répondent en disant : « La France, c’est Maurras. J’ai appris à lire dans Maurras. » Dans la bibliothèque de la restauration et de la rénovation espagnoles, l’Enquête sur la Monarchie traduite par des esprits sagaces voisine avec les Jalons de Route de La Tour du Pin. En Italie, les idées maurrassiennes ont une importance aussi grande que les idées de Sorel. Partout où se forme un jeune mouvement national, que ce soit en Belgique, en Suisse, en Pologne, il se tourne d’abord vers le traditionalisme révolutionnaire de Maurras. Qui pourrait même dire que ses idées soient étrangères à l’Allema­gne ? Et si l’empire soviétique est un jour renversé, ne devra-t-on pas compter avec ce petit groupe de jeunes Russes qui est en train d’élaborer autour du souvenir des tsars rassembleurs de terres quelque chose qui ressemble fort à la doctrine monarchique de l’Action Française ? Il n’est pas, par un paradoxe étonnant, jus­qu’aux Etats-Unis qui ne cherchent à leur tour des garanties, des idées, le germe de l’avenir, dans l’oeuvre de Maurras.

Sans doute, chaque peuple, chaque chef ajoute à ce qu’il a ap­pris dans cette oeuvre un élément personnel et national. Sans doute même certains font-ils des objections, rejettent toute une part des doctrines maurrassiennes, se montrent infidèles à l’esprit ou la lettre en quelque point. L’important est qu’ils reconnaissent leur dette. Un maître n’est pas l’homme qu’on suit entièrement dans tout ce qu’il a dit ; un maître est celui qui nous a appris quelque chose d’essentiel, et qui est notre éternel créancier. Le maître des révolu­tions nationales, celui qui a aidé à réveiller tant de peuples à la conscience, qu’en fait le pays où il est né, pour qui il a travaillé, pour qui il a bâti sa doctrine ? Ce pays le met en prison.

Toute l’admiration, et, osons le dire, toute l’affection qu’une jeunesse dévouée porte au maître de sa pensée, je voudrais aujour­d’hui la laisser de côté. Ce qui me touche, c’est ce que je voudrais nommer l’admiration, le respect, l’affection des frères séparés, sui­vant la belle expression de l’Eglise, l’affection des hérétiques. De même qu’à l’étranger les chefs de l’avenir reconnaissent leur dette, il faut dire que nous avons tous connu des jeunes gens qui discu­tent en eux-mêmes avec Maurras sur tel point, qui ne sont pas mo­narchistes, ou qui ne sont pas d’accord avec lui sur la politique extérieure ou la politique sociale, et qui pourtant savent que sans Maurras ils ne sauraient pas penser. C’est cela qui me paraît essen­tiel aujourd’hui, et qui mesure le mieux le rayonnement de cette oeuvre incomparable, et la bassesse de ceux qui ont cru pouvoir l’éteindre.

Combien aujourd’hui qui ne croient plus aux erreurs du libéra­lisme, qui ne croient plus à la sécurité, à la toute puissance du nombre, à l’égalité, aux vertus du régime capitaliste moderne, et qui doivent cet épurement de leur pensée à Maurras ? Ils sont arrivés dans la vie, s’ils sont jeunes, à un instant où beaucoup de nuées étaient encore amassées sur l’horizon. Ces nuées, la réalité devrait les disperser bientôt, mais avant la réalité, cette raison éclatante, cette Cassandre informée par un dieu, cette Cassandre à laquelle, bon gré mal gré, il faudrait croire. En même temps, l’homme qui figurait sur la scène ce personnage n’était point un amateur de bar­bare logique, mais un être de chair et de sang, un passionné ! Tous ceux qui ont approché Maurras connaissent cette passion qui est en lui, cet amour de la vie. Pour ceux même qui ne connaissent point sa personne, il suffit de le lire pour entendre dans sa phrase la violence de l’accent qui ne trompe pas : cet homme est d’abord un homme vivant.

C’est pour cela sans doute qu’il a conquis la jeunesse. Il ne l’a pas séduite en lui disant que la vie était belle quand elle est sans risque, il n’a pas chanté la France éternellement mesurée, pleine d’admiration pour elle-même, entourée du respect universel et vieillissant doucement dans son gâtisme conservateur et libéral. Il lui a dit fortement : « Tu peux périr. Une civilisation est mortelle. Il faut veiller, prendre garde. Et on ne prendra point garde sans les hautes vertus dont toutes les races et toutes les nations ont eu be­soin. Ne crois pas que la France soit la peur de la vie, le conserva­tisme social, le mépris des classes entre elles. La France, c’est la grandeur, c’est la prudence des saints et des héros, qu’il ne faut pas confondre avec la prudence des rentiers. C’est la maîtrise de soi et le risque, c’est la force. » Voilà l’homme que nous avons entendu quand nous avions dix-sept ans, voilà l’homme que ceux qui l’ont entendu comme nous ne peuvent plus jamais oublier, quelle que soit la route où ils s’engagent par la suite.

On peut s’étonner de voir l’instigateur du nationalisme intégral français accueilli comme maître par d’autres nationalismes, admis dans un cercle plus vaste que nos frontières. C’est bien mal com­prendre le rôle que jouent les esprits véritablement grands. C’est bien mal comprendre Maurras lui-même. Non que sa réflexion ait jamais été abstraite ; elle est née du sol, de la terre qui existe : elle s’est penchée attentivement sur ce bien nommé France, que tant d’abaissement et d’ignominie n’ont pas encore déchu de sa beauté. Mais de tout ce qui est vrai et réel peut naître une leçon valable pour tous et pour toujours. Ils ne sont ni Français ni royalistes ces fédéralistes suisses qui viennent chercher dans Maurras leur doc­trine et le principe de leur action. Ils se croient peut-être loin les uns des autres ces catholiques autrichiens, ces francs-maçons espa­gnols qui se rencontrent pourtant sur quelques vérités éternelles. La grandeur d’un homme mène à la grandeur d’une idée, c’est ce que le monde peut produire de plus beau, et devant une telle union tout s’incline et tout s’accorde.

Quand on a rencontré Maurras au commencement de la route, qu’on le veuille ou non, on garde un reflet de tout ce qu’il est. Jus­que dans les prudences de nos gouvernants, jusque sur les bancs des ministres qui l’ont emprisonné, nous retrouvons parfois, aux heures de raison, le pâle souvenir de l’enseignement de Maurras. Ceux même qui ne l’ont jamais lu, malgré qu’ils en aient, en sont marqués : comme si l’air d’une époque, lorsqu’on le respire, était forcément pénétré par la puissance de ceux qui y vivent. Le sa­vait-on suffisamment en France ? J’imagine que cette prison qui prend une valeur de symbole va le faire éclater soudain aux yeux de tous les hommes de mon pays.

Autour de nous, le monde change, et l’on ne peut dire qu’il change toujours de manière à nous rassurer. La France, elle, ne change pas : elle demeure l’esclave de son idéologie démodée, de ses vieilles erreurs, elle s’enlise doucement dans la boue fade de son socialisme bourgeois. Et c’est en France pourtant que les na­tions réveillées sont venues apprendre les conditions de leur ré­veil ; c’est en France qu’elles ont trouvé l’éclat, la dureté, la fièvre raisonnable, l’union des forces du passé et de celles de l’avenir, l’attention au temps présent, l’esprit de prophétie, la grandeur de la mémoire et la grandeur de l’espérance. C’est en France qu’un homme a paru pour symboliser toutes ces forces, pour nous les apprendre ou nous mettre sur leur chemin, pour nous mettre sur le chemin d’autres encore. Dans les apparences du destin, c’est en France aussi que cet homme est inutile, aussi inécouté, aussi rejeté que s’il n’avait jamais parlé ; et, pour être plus sûr de son néant, on l’enferme. Mais il n’y a pas seulement les apparences du destin, et nous devons voir au-delà. Nous sommes un certain nombre, par­tout, à savoir ce que nous devons à Maurras. Pour être la dernière à l’avoir entendu, la France ne sera pas le pays qui l’aura le moins compris. Un homme qui aura été, toute sa vie, le héros de l’espé­rance, et qui nous aura appris que l’espérance a raison, peut repré­senter aujourd’hui, par un symbole qui frappe tous les yeux, la nation prisonnière : le temps n’est pas loin, nous en sommes sûrs, où nous irons la libérer.

Je Suis Partout, Lettre à une provinciale, 7 novembre 1936

Tagged under: Charles Maurras, Degrelle, Franco

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