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LA QUERELLE DU « CID » N’AURA PAS LIEU – Robert Brasillach – 12 décembre 1936

by R. B. / samedi, 15 août 2020 / Published in Articles et essais, Je suis partout, Lettre à une provinciale
Brasillach, Robert - Lettres à une provinciale - Je suis partout

Puisque vous suivez avec amour, ma chère Angèle, les études de vos enfants, peut-être avez-vous appris, en lisant quelque édition classique, qu’on aurait dû célébrer à la fin de cette année le troi­sième centenaire du Cid. Pour ma part, voilà près d’un an que j’at­tends sans espérance cette célébration, dont quelques journalistes pleins d’enthousiasme et de naïveté avaient annoncé qu’elle serait belle. Et décembre bientôt s’achève : M. René Rocher a joué Le Cid au printemps, mais M. René Rocher n’est qu’un homme de bonne volonté, et non pas l’Etat, et d’ailleurs je n’apprécie guère, je l’avoue, son pâle conformisme et ses hoquets de Comédie Fran­çaise. L’Odéon, ces jours-ci, nous présente un autre Cid. Mais qui connaît l’Odéon ? Enfin, on me jure que la Comédie Française va se décider, qu’elle a déjà retenu le plus rouge et le plus formidable de ses braillards, je veux dire M. Vidalin, pour incarner Rodrigue. Il faut être bien informé pour le savoir, et j’avoue, ma chère An­gèle, que mon coeur en est ému.

Sans doute, en cette fin d’année 1936, avons-nous d’autres su­jets de préoccupation que Le Cid, et, dans les jours où alternent l’abdication d’Edouard VIII et l’abdication de Mrs Simpson, les personnes lettrées vous diraient avec satisfaction qu’elles trouve­raient plus d’actualité à Bérénice. Mais peut-être vous-même, et à plus forte raison M. Edouard Bourdet ou M. Jean Zay, ne vous rendez-vous pas tout à fait compte de ce qu’est Le Cid. J’aimerais, ma chère Angèle, comme vous êtes curieuse de notre temps, pro­céder par comparaisons. La victoire de Corbie sur les Espagnols peut passer pour une sorte de Marne 1636. Imaginez-vous le Sieg­fried de Giraudoux après notre Marne à nous? Ou bien encore, puisque vous êtes claudélienne, puis-je vous dire que Le Cid, c’est Le Soulier de satin d’il y a trois siècles ? J’aime mieux vous dire pourtant autre chose, qui vous paraîtra bien banal : c’est le premier chef-d’oeuvre de notre théâtre moderne.

Imaginez un instant, ma chère Angèle, que nous vivions dans l’un de ces pays où sévit la barbarie illettrée de la dictature : je veux dire l’Italie, l’Allemagne, le Portugal. Je pense même, voyez-vous, à la Russie, qui, ainsi que chacun sait depuis que M. Vuillermoz nous l’a dit, n’honorait pas le théâtre avant les Soviets, comme le prouvent le ridicule des Ballets russes et l’imbécillité de Stanislavs- ky. Et supposez que l’un de ces pays ait vu commencer l’une des productions théâtrales les plus riches et les plus continues du monde par un chef-d’oeuvre aussi jeune et aussi pur que Le Cid. Imaginez-vous les fêtes prodigieuses de l’Allemagne nouvelle, de l’Italie nouvelle ? les représentations diverses, suivant des métho­des différentes, par les hommes les plus qualifiés pour la mise en scène ? les honneurs officiels ? les tentatives neuves ? Imagi­nez-vous, en ce Moscou qui joue sur plusieurs théâtres à la fois la même pièce quand elle a du succès, avec des présentations dissem­blables, imaginez-vous un Cid où l’on chercherait à rebâtir la scène médiévale où il a été joué, avec son décor unique et ses mansions, et ailleurs un Cid nu dans des rideaux gris, et ailleurs encore une chronique espagnole en quinze tableaux, où derrière la grille sévillane d’un jardin au clair de lune, l’ombre de Rodrigue surgirait devant Chimène en deuil ? Imaginez-vous les discussions, même les erreurs, la gloire, la résurrection indéfinie de l’immortelle que­relle du Cid ?

Hélas ! ma chère Angèle, nous en sommes bien persuadés l’un et l’autre, la querelle du Cid n’aura pas lieu. M. Jouvet va monter au Théâtre-Français L’Illusion comique, et j’en suis ravi, car j’ai grande confiance et grande amitié pour le talent de M. Jouvet. Mais comme tout cela est timide quand il s’agit de rendre honneur au père de notre théâtre tragique, à celui qui vous ennuie peut-être parfois, parce qu’on vous l’a fait mal comprendre, mais qui est bien l’un des génies les plus variés et les plus tendres (mais oui, les plus tendres) de notre pays. Car on ne comprendra rien à Corneille tant qu’on ne se décidera pas à lui accoler de temps à autre l’épithète dont s’est indûment emparé son rival, l’homme le plus méchant du monde, et à dire le tendre Corneille.

La querelle du Cid, ou plutôt l’absence du Cid, est un symbole, voyez-vous, d’un certain nombre d’absences, et d’une absence plus grave, qui est l’absence de la France. Ce ne serait pas comprendre grand-chose à l’univers que de croire qu’il est indifférent d’honorer ou de ne pas honorer Le Cid. Les pays qui ont repris le sens de leur existence et de leur force sont tournés vers l’avenir, je le veux bien, mais ils n’oublient aucun de leurs sujets de gloire dans le passé. La France n’a pas la vocation de la cérémonie. Lorsqu’elle voulut célé­brer Hugo, on commença par craindre qu’elle ne donnât au pom­pier lyrique de la démocratie une place excessive en faisant pour lui ce qu’elle ne faisait pas pour d’autres génies aussi grands, ou plus grands. Et puis, on s’aperçut que cette célébration était parfai­tement ridicule et devenait offensante pour un homme qui, après tout, était un grand poète. Un ramassis d’acteurs chevronnés, le haut de forme et les larmes de M. Lebrun, quelques discours, des allocutions professorales, est-ce ainsi qu’on donne vie au passé, au génie, est-ce ainsi qu’on met en communication les hauts esprits et l’enthousiasme de la foule ?

La chose est peut-être plus grave encore lorsqu’il s’agit d’hono- rer, non plus un poète entre les poètes, comme Hugo, grand assu­rément, mais pas plus que Villon, que Racine ou que Baudelaire, mais un initiateur, mais l’homme dont il a dépendu, en grande par­tie, que notre théâtre fût ou ne fût pas, mais une sorte de Capétien de nos lettres. Alors, l’offense me parait impossible à mesurer, qui offre à ce puissant inventeur de thèmes et de rythmes les glapisse­ments de M. Vidalin et la médiocrité d’honneurs officiels honteux d’eux-mêmes. Tout se passe dans un monde glacé de professeurs en jaquette et d’acteurs en pourpoint rapiécé : pour l’auteur d’Ho­race et de Sertorius, l’Italie eût délégué ses soldats, ses chemises noires, ses avions ; pour le poète de Polyeucte et de L’Imitation, l’Eglise, en d’autres pays, eût été solennellement conviée, les clo­ches de Notre Dame eussent sonné pour celui que Napoléon aurait voulu faire prince, le théâtre de Versailles eût ressuscité Psyché, fille enchantée de son génie et de celui de Molière. En France, quelques coups de chapeau hâtifs, ici et là, et les journaux parlent bien davantage de la querelle qui oppose M. Bernstein et M. Bour- det. Relisons Le Cid, ma chère Angèle. Ce drame de l’épée et de la rose, du fleuve dans l’aube glacée, de la nuit dans les jardins de Séville, du Midi rayonnant où monte, derrière une jalousie de bois surmontée d’une vierge costumée, la plainte musicale de l’infante, ce mystère de la jeunesse, de l’héroïsme et de l’amour, scintillant du croisement des fers, du heurt de la croix et du croissant, cette chro­nique où s’épanouissent notre moyen âge et notre Renaissance à la fois, je crois qu’il faudra attendre longtemps avant de le voir célé­brer selon la décence et selon l’honneur.

Je Suis Partout, Lettre à une provinciale, 12 décembre 1936

Tagged under: Corneille, Le Cid

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