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HISTOIRES DE CONSOMMATEURS – Robert Brasillach – 5 décembre 1936

by R. B. / samedi, 15 août 2020 / Published in Articles et essais, Je suis partout, Lettre à une provinciale
Brasillach, Robert - Lettres à une provinciale - Je suis partout

De même qu’il y a des histoires de curés, des histoires marseillaises ou des histoires juives, il y a, ma chère Angèle, depuis quelque temps, des histoires de consommateurs. Elles ont ceci de commun avec les autres qu’on les écoute d’une oreille, en préparant menta­lement celle qu’on va raconter. Quand celle qu’on vous raconte est terminée, au lieu d’éclater poliment de rire, on hoche la tête d’un air navré, on s’écrie : ‘‘En quel temps vivons-nous ! » et, précipitam­ment, de peur d’être ‘‘coupé », on ajoute : « C’est comme ce qui est arrivé à des amis à moi. » Pour peu que la conversation ait de nom­breux participants, les histoires de consommateurs peuvent faire agréablement passer toute une soirée.

Hélas ! ma chère Angèle, cela ne les empêche pas d’être significatives. De braves gens que je connais, campagnards élevant « du bestiau », s’en vinrent récemment voir leur fille mariée à la ville. On décida de faire festin et d’acheter une tête de veau entière. Je vous avouerai en confidence que je n’ai jamais mangé de tête de veau entière ; mais il parait que c’est un mets délicieux. Seulement, les excellents paysans qui l’achetèrent s’aperçurent avec une certaine stupéfaction qu’ils la payaient très exactement le prix qu’eux-mêmes vendaient à la campagne le veau tout entier. De là à conclure que toute la valeur du veau, comme celle de l’homme, est dans sa tête, il n’y avait qu’un pas : ces gens n’avaient pas l’intelli­gence assez résolument métaphysique pour le franchir.

Je vous ai donc raconté, moi aussi, une histoire de consomma­teurs, et vous en tirerez la morale que vous voudrez, en prenant bien garde qu’il ne faut peut-être pas trop accabler le boucher dé­taillant. Mais je pensais à cette histoire, l’autre jour, en écoutant parler dans une conférence un homme que l’on présente parfois, dans son pays, comme une sorte de dictateur économique et que les Américains appellent le Ford de la Suisse. Je n’ai pas à vous faire le portrait de M. Gottlieb Duttweiler, dont la presse s’occupe en ce moment, mais j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui, et je dois avouer que plusieurs de ses propos m’ont paru ne pas devoir être réservés à la seule Suisse.

Le Ford helvétique, lui aussi, connaît quelques histoires de consommateurs. Tout jeune, il est venu en France, où on lui a dit que le premier devoir d’un homme était de s’acheter un chapeau haut de forme. Coiffé de ce couvre-chef impressionnant, il a appris son métier, puis il a plus ou moins parcouru le monde : en Argen­tine, il a eu la révélation de sa vie en découvrant non point que le veau valait le prix de sa tête, mais qu’il y avait une différence nota­ble entre le prix du bétail dans les pampas et celui des boucheries suisses.

Comme vous le voyez, ma chère Angèle, cela revient à peu près au même. Rentré dans son pays, il organisa une défense des consommateurs par des moyens si modernes que le gouvernement lui déclara la guerre. Un jour qu’on avait réussi à le frapper d’une amende, il mit un petit papier dans tous ses sacs de café, deman­dant deux sous à ses clients et amis afin de payer ladite amende. La somme fut largement couverte dans les quarante-huit heures. A force d’avions lançant des tracts, à force de patience et d’ingéniosi­té, il eut bientôt tout le pays pour lui. Quand des concurrents, vou­lant arrêter sa puissance, baissèrent eux-mêmes leur prix, de façon à vendre à perte, il avertit ses clients que lui-même ne pouvait pas en faire autant, qu’il y avait là une manoeuvre, et qu’il espérait qu’on le suivrait, et personne ne l’abandonna.

Vous voyez, ma chère Angèle, qu’il s’agit là d’un monsieur assez pittoresque, sans compter qu’il est encore un prodigieux organisa­teur de tourisme. Mais j’avoue que ses réflexions sur les consom­mateurs m’ont paru pleines d’un sel délicieux.

« La France, disait-il, est le pays des ménagères. Presque toutes les femmes, même les plus riches, s’occupent, de près ou de loin, de leur ménage, savent le prix des choses, s’y intéressent. Comment se fait-il que personne n’ait jamais songé qu’il y avait là une force extraordinaire, qui demeure inemployée ? Imaginez un parti politi­que, un journal, un organisme quelconque, dont le seul but serait la défense des ménagères. Vous ne pensez pas qu’il faudrait tout de suite compter avec cette puissance, et qu’elle représenterait beau­coup plus le pays que les formations habituelles ? »

Je ne saurais dire, ma chère Angèle, combien cette idée, même présentée d’une manière simple, m’a paru séduisante. Car elle se rapproche de toutes les idées qui me plaisent, et qui consistent d’abord à ne rien construire dans l’abstrait, mais à faire l’expérience de la réalité. Notre pays est fondé sur des organismes absurdes qui ne représentent rien, puisqu’ils ne représentent que des individus unis selon la loi de l’intérêt électoral. Les intérêts réels sont ailleurs, qu’il s’agisse des intérêts des producteurs unis selon la loi de leur production, ou qu’il s’agisse des intérêts des consommateurs. De ces derniers, il est trop évident que rigoureusement personne ne s’occupe. Je ne désire point instituer une nouvelle lutte de classes, la classe des producteurs contre celle des consommateurs, de même qu’il existe une lutte de classes entre les capitalistes et les salariés. Mais enfin, dans le pays qui est le pays des ménagères, l’absence d’un organisme de protection n’est-elle pas assez surpre­nante ?

Je vous sais trop raisonnable, ma chère Angèle, pour me répon­dre qu’il existe l’Etat. Car dans la transformation magique qui fait que la tête de veau coûte aussi cher que le veau, j’imagine aisément que l’Etat a eu son coup de baguette à placer. Des méfaits de cette Carabosse, nous sommes tous victimes, mais plus encore ce peuple immense de ménagères, armé de livres de comptes, de chiffons et d’encaustique, peuple de fourmis encombré de paquets et de filets à provisions, et sans qui la France n’existerait pas. A la première femme, si l’on en croit Péguy, le Créateur a dit: « Femme, tu range­ras », et le poète ajoutait :

Vous rangeriez Dieu même, S’il venait à passer devant votre maison.

Ne vous offensez point, ma chère Angèle, d’un peu d’ironie. Car si les choses continuent longtemps, Eve ne pourra plus ranger, la fourmi aura le sort de la cigale, et la plus moderne des histoires de consommateurs, si l’on n’y met pas bon ordre, finira par un petit air de violon devant un buffet scientifiquement nettoyé par le vide.

Je Suis Partout, Lettre à une provinciale, 5 décembre 1936

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