© 2017 Hogash Studios.

Les amis de Robert brasillach

  • L’association
    • Les statuts
    • Adhérer aux ARB
    • Ont notamment soutenu les ARB
  • Les Sept Couleurs
  • Biographie
    • Pétition adressée au général de Gaulle pour soutenir le recours en grâce déposé par robert Brasillach
  • Bibliographie
    • A – Oeuvres de Robert Brasillach
    • B – Anthologies, recueils de textes, éditions générales
    • C – Sur Brasillach : Travaux universitaires
    • D – Sur Brasillach : Ouvrages publiés
    • E – Audiovisuel
    • F – Théâtre
    • G – Divers
  • Maurice Bardèche
  • Bibliothèque
    • Bulletins
      • Bulletins 1-15
      • Bulletins 16-30
      • Bulletins 31-45
      • Bulletins 46-60
      • Bulletins 61-75
      • Bulletins 76-90
      • Bulletins 91-100
      • Bulletins 101-115
      • Bulletins 116-130
      • Bulletins 131-145
      • Bulletins 145-160
    • Cahiers
      • Thèmes principaux des Cahiers des ARB
      • Sommaire des Cahiers des ARB n°1 à 26
      • Sommaire des Cahiers des ARB n°27 à 53
      • Prix Robert Brasillach
    • Articles et essais
      • Je suis partout
        • Lettre à une provinciale
      • Combat – 1936-37
      • Robert Brasillach – Léon Degrelle et l’avenir de «REX»
  • Audio-Video
  • Contact

Voyage dans la lune – Lettre à une provinciale

by R. B. / samedi, 13 juin 1936 / Published in Articles et essais, Je suis partout, Lettre à une provinciale
Brasillach, Robert - Lettres à une provinciale - Je suis partout

Vous qui n’avez pu lire les journaux de Paris, ma chère Angèle, vous me demandez de vous renseigner sur ce qui se passe. Votre esprit est anxieux de connaître la vraie figure de nos nouveaux maîtres, et vous voulez savoir comment se sont déroulées ces journées étonnantes où le Front populaire, élu du Tout-Puissant, s’est avancé vers la Terre Promise. Je sais bien que vous ne cachez pas vos sympathies pour un régime qui donne enfin leur juste place à Mme Picard-Moch, confinée dans les soins du ménage, et à Mme Brunschvicg, qui occupait ses loisirs avec la philanthropie organisée. J’ai donc pour vous essayé de pénétrer dans cette Bastille démocratique, où l’on prépare au peuple son bonheur, le ,jour même où. M. Blum présentait son ministère.

Je ne l’avais jamais, je l’avoue, contemplée que de loin. I1 me fut extrêmement difficile de franchir les rangs des suffragettes qui, privées de café et de dessert, assiégeaient dès le début de l’après-midi les abords de la Seine. Dussé-je vous contrister, je vous signalerai que ces dames ne rencontraient guère que la risée et qu’elles n’avaient pas de grâce. Hélas! les hommes sont ainsi faits que le mouvement féministe aurait plus de chances de leur plaire si Marlène Dietrich et Danielle Darrieux marchaient en tête des revendicantes. « Vous êtes bien laide, ce soir, mère Ubu. Est-ce parce que nous avons du monde à dîner? » Ne me grondez pas, voulez-vous? Je veux bien que les femmes votent, mais je n’aime pas les suffragettes.
Mais si je réussis à n’être pas déchiré par les Ménades, je ne pus entrer, reconnaissons-le, jusque dans le Saint des Saints. Les tribunes du public (vous ignorez peut-être que les séances de la Chambre sont « publiques »), en ces jours de grand spectacle, sont prises d’assaut par des hordes pleines de valeur guerrière.

Je fus privé d’entendre M. Blum, mais j’eus le bonheur de voir M. Herri.or.. Ceci compense cela. Vous savez peutêtre que, par les salons qui mènent à la présidence, le président de la Chambre, les jours de séance, arrive avec lenteur, vêtu de son habit. Les tambours résonnent, les gardes présentent les armes, l’éclair des sabres luit, et l’on voit s’avancer, un peu humble devant tant de pompe militaire, ce gros monsieur que vous aimez pour son grand coeur. I1 m’a semblé bien fatigué, et son ventre, qu’il porte en avant avec une indiscutable habileté, donne à son habit une forme assez disgracieuse. D’autre part, il est suivi d’une demidouzaine de jeunes messieurs en complet gris, qui bavardent avec l’allégresse excusable dans les enterrements, et l’on ne saurait dire que cette débandade, ni même ce volumineux maître d’hôtel en habit, s’accordent tout à fait bien avec le tambour et avec les sabres. Mais j’avais juré de ne vous dire que ce que vous auriez trouvé dans les journaux, et les journaux ne refusent jamais la majesté au président de la Chambre.
Puisque je ne pouvais entrer plus avant, je suis resté dans ces fameux couloirs, dans cette fameuse salle des PasPerdus, où, si l’on en croit certains, on se renseigne si aisément sur les véritables opinions des élus du peuple. Ne frémissez point: je ne vous ferai pas de révélations. La salle des Pas-Perdus ressemble beaucoup à un hall de grande gare: elle est ornée d’un président du Conseil en forme de Laocoon, enveloppé dans les mille serpents d’une majorité parlementaire (je suppose du moins que tel est le véritable sujet de cette statue), et d’un homme nu et plein de remords, qui, auprès d’une dame éplorée, plonge dans son coeur un couteau de cuisine. Par les portes entrouvertes, on aperçoit la salle des Quatre-Colonnes et d’autres parties du Saint des Saints interdites au commun des mortels. J’eus la satisfaction de contempler ainsi quelques secondes M. Léon Blum: il a le visage souriant et pincé d’un professeur chahuté, sans cesse aux aguets du coup de pétard ou du bourdonnement séditieux. Mais une porte m’en voila l’éclat, et, durant toute la séance, je ne vis plus circuler que M. Bergery, que les débats ne devaient point intéresser, et qui passait sans arrêt d’une salle à l’autre, arrêtant des amis, recevant des solliciteurs ou donnant des ordres pour le Rubicon de demain.

Encore M. Bergery est-il un fort bel homme, un junker allemand de grande allure. Vous n’avez pas idée, chère Angèle, des étranges personnes qui circulent dans les couloirs de la Chambre, et peut-être l’habitent, pareilles à des poissons chinois, à demi aveugles dans leur aquarium. Je vous surprendrai sans doute en vous disant, le plus calmement du monde, que j’ai rencontré plusieurs monstres. Je parle, bien entendu, de monstres zoologiques, tels qu’on en montre dans les foires. Nul ne semblait s’apercevoir que, sur ce banc de velours vert, une sorte de grand oiseau jaunâtre, aux cheveux presque verts, lisait un journal, et qu’il était vêtu d’une jaquette et d’un pantalon à carreaux orné d’une large bande de soie beige. Nul ne semblait s’étonner de la présence d’un énorme nain qui voltigeait comme un ballon de siège en siège, riant aux anges et caressant, au-dessus de sa lavallière à pois, une barbiche septuagénaire. Je ne parle pas, naturellement, des grandes barbes carrées qui s’avançaient trois par trois, comme dans le dernier film des frères Marx, ni des faux cols de douze centimètres, ni des cravates. Aucune revue de province n’oserait habiller ainsi ces anciens représentants du peuple, ces journalistes vieillis. Et pourtant, ils sont là, et nul ne s’en étonne. Nul ne songe à les faire partir, comme nul ne chasse ces curiosités de musée Dupuytren qui errent en liberté, ces foetus boursouflés qui ont peut-être sur nous quelque autorité. Jamais on ne m’avait parlé de ces particularités étranges, et j’avoue qu’elles m’ont beaucoup frappé: peut-être est-ce là un secret national, et je vous prie, Angèle, de ne pas le révéler.

C’est pourtant ainsi que j’ai pu me confirmer dans l’idée que le Palais-Bourbon était un monde à part, où les bruits du dehors ne pénètrent point, et qui a sa faune particulière. Lorsque les cinq coups de sonnette annoncèrent la suspension de la séance, je pus voir alors de plus près quelques-uns des nouveaux élus. Ceux qui sont jeunes ont su adopter une attitude pleine de modestie et d’orgueil à la fois, qui m’a pleinement satisfait. On se les montrait discrètement, comme on se montrait les nouveaux ministres. « Voici Sports-et-Loisirs », me murmura-t-on, car le nom est si beau que la fonction a supprimé l’homme. Et j’écoutai ce que disaient les oracles.

Ce jour-là, chère Angèle, Paris était en grève. Vous surprendrai-je beaucoup en vous disant que le Palais-Bourbon en était informé, mais qu’il songeait à autre chose? Il s’occupait de majorité, de ministères, et je crois bien que les journalistes étaient les seuls à s’intéresser au-dehors. Dans la salle, on s’était fait des risettes, et le vieux jeu parlementaire avait recommencé. Même si vous avez appris que M. Chiappe et les communistes s’étaient dit des paroles peu aimables, soyez tranquille: cela aussi est dans l’ordre et n’a point troublé la cérémonie.

Je me convainquis de plus en plus profondément de Pilot étrange que forme la Chambre dans le monde, et des moeurs des peuplades qui l’habitent, car ,j’ai eu la chance de parler assez longuement avec un député de la majorité, ce dont vous me voyez très fier. Je vous ai peut-être jadis parlé de ce garçon, ma chère Angèle. Au lycée, où nous fûmes ensemble, il était extrêmement fort à la barre fixe et à la dissertation philosophique. Je l’ai revu avec plaisir. « Comme tous les intellectuels, me dit-il d’emblée, je me suis senti attiré par la politique. » Une conversation si bien engagée ne pouvait que demeurer sur les hauts lieux: elle y resta. Mon ancien camarade m’avoua ne pas savoir ce que Paris pensait des grévistes, mais ne pas s’en effrayer. « Dans mon parti, déclara-t-il, beaucoup ont peur. Moi, je trouve que ce mouvement appuie le gouvernement. » Et il m’expliqua que la loi est l’expression de la volonté générale, en des termes d’une grande noblesse, et que l’idée de propriété particulière était périmée.

Telles sont, chère Angèle, les lois de la tribu. De même que l’on voit passer, au long des fenêtres, des monstres curieux et des fantômes plus ou moins à vendre, de même les vivants qui entrent ici perdent tout contact avec la vie. Paris en grève ou en émeute intéresse sans doute les chefs du gouvernement, et MM. Blum et Salengro doivent avoir leur opinion. Mais les autres vont écouter « l’exposé de M. Salengro », le matin, comme ils iraient au cours de M. Brunschvicg, avec une vague envie de chahuter. Car on leur fait des exposés, j’ai appris aussi cela, on leur fait la classe par groupes et par partis. Que leur importe! Ils respirent l’air de la nouvelle planète. Je ne crois pas, ma chère Angèle, que vous et moi ayons beaucoup de rapport avec ces Lunaires ou ces Martiens.

Robert BRASILLACH
(Je Suis Partout, 13 juin 1936.)

Tagged under: Article, Je suis partout, Lettre à une provinciale

What you can read next

Brasillach, Robert - Lettres à une provinciale - Je suis partout
POUR LA MOINS GRANDE FRANCE – Robert Brasillach – 21 novembre 1936
Brasillach, Robert - Lettres à une provinciale - Je suis partout
SAVEZ-VOUS PLANTER LES CHOUX ? – Robert Brasillach – 3 octobre 1936
ARB - Prix Robert Brasillach
Prix Robert Brasillach

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Recent Posts

  • 53 – Cahiers des Amis de Robert Brasillach – Années de 2015 – 2017

    Sommaire Philippe JUNOD – Editorial – 2 et 3 Do...
  • 51/52 Cahiers des amis de Robert Brasillach – Années 2013 – 2014

    Sommaire Philippe JUNOD – Editorial – 2 et 3 Do...
  • 50 – Cahiers des Amis de Robert Brasillach – Années 2009 – 2010

    Sommaire Philippe JUNOD – Editorial – 2 et 3 Do...
  • 48/49 – Cahiers des Amis de Robert Brasillach

    Sommaire Robert Brasillach en toutes lettres &#...
  • 46/47 – Cahiers des amis de Robert Brasillach

    Sommaire Robert Brasillach en toutes lettres – ...

Commentaires récents

    Categories

    • Articles et essais
    • Audio-Video
    • Bulletins
    • Cahiers
    • Combat
    • Je suis partout
    • Léon Degrelle et l'avenir de «REX»
    • Lettre à une provinciale

    Méta

    • Connexion
    • Flux des publications
    • Flux des commentaires
    • Site de WordPress-FR
    Copiright 2024 - Les Amis de Robert Brasillach
    TOP